Dans les longues vallées, chaudes et encaissées,
Jusqu’aux froids sommets enneigés,
Les Alpes s’élèvent, hautes, vastes et fières,
Comme un rêve, un vague mystère.
Pour le cycliste, les Alpes sont un défi,
Une prouesse à accomplir ;
Car supporter l’épuisement à l’infini,
C’est beaucoup plus facile à dire !
Un matin de juin, tel une sourde rumeur,
Le véloclub de Beauzac passe.
Les rayons du soleil éclairent ses couleurs,
Les illuminent avec grâce.
Ces aventuriers s’élancent à la conquête,
Depuis leur beau chalet en bois,
Des cols les plus perchés, des plus lointaines crêtes,
Et du surpassement de soi.
Ils remontent les vaux dont la fraîcheur s’élève,
Gagnent les départs des montées,
Puis grimpent, tandis que la chaleur les achève,
Dans un rythme saccadé.
Et avec une vitesse vertigineuse,
Ils se hissent vers l’azur bleu,
Recouvrant la route de sueur batailleuse,
Dans un effort méticuleux.
Et l’astre diurne observe d’un œil jaloux,
Inquiet de perdre son éclat,
Ces grimpeurs intrépides pratiquement fous
Menacer son trône de roi.
Alors, pour rendre la tâche plus difficile,
Le soleil brille de mil feux,
Inonde la terre de rayons indociles,
Voulant écraser les plus preux.
Hélas pour ce dernier, il ne savait pas que :
Beauzac meurt, mais ne se rend pas !
Et qu’il aura beau mettre tout l’aria qu’il peut,
Nous irons toujours au-delà !
Car parvenu aux nues, c’est une telle vue !
C’est la plus belle récompense.
Ces paysages magiques, inattendus,
Valent bien toutes les souffrances !
Quelle joie que d’admirer, le cœur encor chaud
Et emballé par l’ascension,
Cette danse de couleurs aux tons estivaux,
Faisant aux yeux une chanson ;
Lorsque le bleu intense des lacs se marie
Avec le vert parfait des prés,
La pureté du blanc de la neige endormie,
Et à l’orange d’ABC !
Bientôt, le mal aux muscles devient secondaire,
Pour laisser place à la magie
Des Alpes dénudées de leur robe d’hiver,
Montrant un bout de paradis.
Rompus de fatigue, ils reviennent au chalet,
Autour d’un verre d’amitié,
Ils reprennent les forces laissées en retrait
Dans le vin rouge et le rosé.
Ils s’endorment le soir, bercés de souvenirs
De cette journée bien remplie,
Sombrent dans des songes débordant d’avenir,
Et dans la douceur de la nuit.
Mais déjà, trop vite, il faut penser à rentrer,
Quitter ce bourgeon de bonheur,
Retourner en Auvergne pour se reposer,
Revoir sa vie, la joie au cœur.
Guillaume GUÉRIN.